Nouvelles de Mie et souvenirs de la production de thé il y a 70 ans

Aujourd’hui, lorsque Kimihiko Hayashi vient nous chercher à la gare, on sent bien qu’il est tendu. Chez les Hayashi à Mie, la récolte commencera demain, le premier mai. Pour les Hayashi, ce n’est pas une année exceptionnelle. L’année dernière, ils ont commencé le 2 mai. Lorsque nous demandons s’il y a des changements dans l’exploitation, Kimihiko nous dit qu’ils ont repris quelques jardins de voisins et qu’ils sont en train de se convertir à l’agriculture biologique. Il se peut que d’autres viennent s’y ajouter dans les années à venir. Dans la région, il y a beaucoup de cultivateurs de thé âgés qui prévoient déjà de vendre leurs champs de thé en raison de leur âge et du manque de successeurs. C’est une bonne nouvelle, car même s’il n’y a pas plus d’exploitations bio de ce fait, la surface exploitée en bio augmente au moins.

Kabuse Sayama Kaori pour Yamanoka Kabusecha
Kabuse Sayama Kaori parcelle pour Yamanoka Kabusecha

Après on a arrivée dans la maison, le père de Kimihiko, Iwao Hayashi, nous rejoint. Ce pionnier du bio, âgé de presque 87 ans, commence immédiatement à nous parler du passé. Il aurait aimé venir en Allemagne au cours de sa vie, car nous sommes liés depuis si longtemps – plus de 17 ans – et il aurait aimé voir comment c’est en Allemagne. Mais il admet qu’il n’en a plus la force. Il se souvient alors qu’il a eu une vie assez turbulente et laborieuse jusqu’ici :

Kimihiko et Iwao Hayashi dans leur jardin de thé bio à Mie

Déjà à l’école, il se passionnait pour la culture du thé. En 5e année, il a réalisé un projet de recherche en construisant une vitrine qui permettait d’observer les plants de thé lors de la formation des racines à travers une vitre. Il a d’ailleurs été récompensé pour cela. Alors qu’il était encore à l’école, il avait déjà pris contact avec l’institut de recherche sur le thé de Shizuoka pour leur demander combien de sortes de thé il y avait. On lui avait alors répondu qu’il existait près de 200 sortes de thé différentes. Cela l’a beaucoup impressionné, à tel point qu’il a commencé à travailler dans une usine de thé alors qu’il était encore étudiant. Après l’école, il a déjà pu travailler à son propre thé dans la fabrique communautaire de thé. À l’époque, il a commencé à gagner sa vie avec 0,3 hectare de thé et 0,2 hectare de riz. Il était alors le plus petit cultivateur de thé de la communauté, qui en comptait 9. En ce temps-là, la récolte se faisait encore principalement à la main. Les équipes commençaient dès le lever du soleil afin de pouvoir en faire le plus possible. Le paiement se faisait au poids des feuilles brutes livrées. Les capacités de l’usine de thé étaient également très différentes de celles d’aujourd’hui. À l’époque, on ne pouvait produire que 100 kg par jour. Pour cela, il fallait travailler 24 heures, réparties en deux équipes de 12 heures. Il y avait toujours quatre personnes à la fois dans l’usine de thé pour faire fonctionner les machines et les chauffer. Entre-temps, il fallait toujours couper du bois pour alimenter les machines. Comme Iwao ne pouvait pas gagner sa vie avec 0,3 ha de thé, il avait un autre travail à côté. Mais très tôt, il a rêvé de créer sa propre entreprise. À 28 ans, il a pu travailler à la construction de sa propre usine de thé. Il se souvient encore parfaitement du moment magique où il a préparé le sol pour les fondations de l’usine de thé avec le bulldozer du mari de sa sœur aînée pendant les fêtes de fin d’année. À cette époque, le prix du thé ne cessait d’augmenter et la demande intérieure japonaise de thé vert ne cessait de croître. Avec ce vent en poupe, Iwao Hayashi a construit petit à petit son entreprise de thé. Aujourd’hui, ce sont 9 hectares que son fils Kimihiko exploite en deuxième génération.